Texte 4 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Ueno Kōshi [上野昂志], Sengo rokujū nen [戦後 60 年 ; Les 60 ans depuis la fin de la guerre], Tokyo, Sakuhinsha [作品社], 2005.

Les films de yakuzas

Fuji Junko marche sous la pluie, un parapluie en papier huilé à la main. Takakura Ken arrive en sens inverse, marchant d’un pas rapide et en costume de voyage. Il interrompt sa marche, la salue et s’adresse alors à elle d’un ton poli : « Je me permets de vous demander un renseignement car je crois que nous sommes de la même profession. » Le nom au sujet duquel il s’enquiert étant celui d’une bande rivale, Yamamoto Rin’ichi, qui accompagne Fuji Junko, sent la moutarde lui monter au nez mais Fuji Junko l’enjoint au calme et indique aimablement le chemin au voyageur… C’est juste l’une des scènes du film La Pivoine rouge : Le Jeu des fleurs (Tōei, 1969) de Katō Tai, mais ces quelques instants font surgir cette rencontre à la fois nonchalante et fatale entre un homme et une femme de la même profession, donnant aux films de yakuza ce charme indescriptible. Si des films de ce style en sont venus à faire l’objet d’une production de masse, en particulier par la Tōei, c’est parce que l’industrie du cinéma, concurrencée par la télévision, se trouvait dans une situation critique.