Texte 2 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Tachibanaki Toshiaki [橘木俊詔], « Okanemochi ha dareka » [お金持ちは誰か ; Qui sont les riches ?], Asahi Shinbun [朝日新聞], 27 janvier 2005, p. 16.

Au Japon, l’écart entre riches et pauvres s’accroît. Qui sont ces deux groupes ? Sur les pauvres, et bien qu’il y en ait moins au Japon que dans les autres pays développés, nous disposons d’un nombre important d’études. Analyser leur situation actuelle est important. En effet, il est utile d’avoir des données pour discuter des politiques publiques dont ils sont l’objet. À l’inverse, il n’y a pratiquement pas de recherches sur les riches, alors même que les publications proposant des méthodes pour faire fortune font fureur. Les gens semblent s’accrocher à l’espoir de devenir riche comme le noyé à un brin de paille.

J’ai conduit des recherches sur les classes fortunées au Japon de l’ère Meiji à nos jours. Dans tous les pays, à toutes les époques, il y a des riches. Dans le Japon d’avant la Seconde Guerre mondiale, cette classe était représentée par les capitalistes industriels et les grands propriétaires terriens. Comme le montre l’exemple des zaibatsu (conglomérats industriels), capitalistes propriétaires de plusieurs entreprises et administrateurs ont, grâce aux dividendes des actions et à leurs rémunérations, accumulé des fortunes colossales. Dans le monde rural, ceux des propriétaires terriens qui possédaient beaucoup de terres obtenaient des revenus énormes des loyers perçus.

Comme le Japon d’avant-guerre était divisé entre capitalistes et ouvriers, propriétaires terriens et métayers, on peut parler d’une société de classes, mais c’était aussi une société de statuts avec noblesse (kazoku), familles guerrières (shizoku) et gens du peuple (heimin). L’immense écart entre riches et pauvres peut être considéré comme une caractéristique des sociétés prémodernes. Mais avec les politiques conduites après guerre par le Commandement suprême des forces alliées, comme le démantèlement des zaibatsu ou la réforme agraire, et le processus de démocratisation, la société s’est profondément transformée.