Texte 10 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Tanaka Yasuhiro [田中 康弘], Sankai : Yamabito ga kataru fushigina hanashi [山怪 : 山人が語る不思議な話 2 ; Mystères dans les montagnes : histoires merveilleuses racontées par les montagnards], Tokyo, Yama to keikoku sha [山と溪谷社], « Yamakei bunko [ヤマケイ文庫] », [2017] 2020.

Les chemins glissants des pèlerins

Situé dans la municipalité de Saijō (département d’Ehime), le temple de Yokomine est le 60e temple du pèlerinage des lieux sacrés de Shikoku. Dans ce temple de montagne installé à une altitude de 750 mètres où, en regardant vers le sud, on peut voir du parking le mont Ishizuchi, le plus haut sommet de l’ouest du Japon, j’ai écouté le récit du supérieur du temple.

– Je n’ai pas eu d’expérience merveilleuse mais mon oncle m’a raconté qu’un blaireau l’avait fait tourner en bourrique.
– Un blaireau ? Ce n’était pas un renard ?
– C’était bien un blaireau. Il marchait pas loin du village et tout d’un coup, il ne reconnut plus le chemin. Il continuait à marcher d’un bon pas sur l’unique chemin, mais il avait beau avancer, il n’arrivait nulle part. Quand il reprit ses esprits, il s’aperçut qu’il se trouvait en fait dans une lande de roseaux. Sans qu’il y prenne garde, il avait rejoint le bord d’une rivière et avait tourné en rond au milieu des roseaux. Par ici, on raconte que ce genre de facéties est le fait des blaireaux.

Si l’on considère le plus souvent le renard comme l’auteur de facéties malveillantes à l’égard des humains, à Shikoku, c’est le blaireau qui joue le rôle du méchant.