Texte 1 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Itoyama Akiko [絲山秋子], Matsuei [末裔 ; Descendants], Tokyo, Shinchōsha [新潮社], 2014.

Impossible de trouver le trou de la serrure.

La porte en bois plusieurs fois repeinte en blanc, comme on n’en trouve plus guère dans les logements récents, n’avait pas changé. Le bouton de porte en laiton poli par les ans était pareil à son souvenir.

Mais la plaque, en laiton elle aussi, dans laquelle était fixé le bouton était lisse désormais et de la serrure en forme de jupe en dessous du trou rond, il ne restait même plus la trace. Il avait beau faire pression avec la clef, y passer le doigt, s’accroupir pour mieux voir, reculer de deux trois pas, fermer les yeux cinq secondes, la plaque de laiton légèrement rugueuse ne révélait ni renfoncement ni déformation.

Il n’y avait tout bonnement pas de trou de serrure à l’endroit attendu.

Peut-on imaginer quelque chose d’aussi stupide ?

Il sonna deux trois fois mais bien sûr, personne ne vint ouvrir. Il avait beau saisir le bouton et secouer la porte en avant et en arrière : il sentait bien à chaque fois que la porte était fermée à clef.

Il avait bien sûr la clef dans la main. Mais il n’avait nulle part où la mettre.

En effet, juste le trou de la serrure avait disparu.

Tomii Shōzō était enfermé dehors.